Épisode 1 : le télétravail et le devenir des lieux de co-working
Nous allons rentrer dans la phase 2 de la crise liée au coronavirus, celle de la reprise, bien que graduelle, des activités économiques et du cours de nos vies.
La pandémie COVID 19 a produit, à travers le confinement et l’imposition du distanciement social – qui risque de se prolonger – un impact psychologique et économique majeur, et une modification dans notre quotidien, dans notre manière de travailler, de consommer et de nous comporter vis-à-vis des autres, dont l’ampleur et la pérennité sont liées à la rapidité de la découverte et de l’administration d’un vaccin efficace.
Nous avons été propulsés dans une société « sans contact » dans laquelle des tendances déjà en cours se sont renforcées (e-commerce, digitalisation de l’offre de contenus, …) et d’autres se sont imposées, changeant nos comportements non sans conséquences sur beaucoup d’activités économiques.
Ces changements exigent de réfléchir d’une nouvelle façon à l’organisation du travail, à son propre business model et au parcours client (particulièrement pour les entreprises de services) et d’en mesurer les répercussions en termes de rentabilité.
Dans ce premier billet je considère l’un des effets les plus évidents du confinement : l’évolution de notre manière de travailler et ses implications sur les performances économiques des entreprises et sur l’humain.
La pandémie a accéléré la pratique du télétravail : une évolution positive mais pas pour tout le monde…
Une chose est claire : confinement oblige, le nombre d’adeptes du télétravail a fortement augmenté parmi les employeurs. Il a en effet permis à un large nombre d’organisations de traverser la phase d’urgence et même de constater le maintien, voire l’augmentation de la productivité. Un actif sur 5, selon une recherche de Odoxa-Advisio Partenaires, pratique désormais le télétravail.
Et même si de nombreux salariés saluent le retour au bureau à partir du 11 mai, le télétravail restera l’un des héritages positifs du Covid 19 pour plusieurs raisons, liées à la fois, incredibile dictu, au bien-être au travail et à la performance économique.
En effet, selon Odoxa-Advision Partenaires, 76% des français estiment que cette pratique devrait être plus développée en France.
Côté salariés, les avantages de pratiquer le télétravail, sont potentiellement significatifs : moins de temps dans les transports (et moins d’impact sur l’environnement ), plus de temps pour soi (…qu’on pourra mieux exploiter à la fin du confinement), plus de concentration, loin du bruit de fond des open-spaces auxquels les grandes entreprises les ont habitués… ou forcés à s’habituer, afin d’optimiser les coûts de location ou les amortissements d’investissements en capex très lourds.
Mais ce n’est pas une panacée … Pas tous les métiers et les activités ne s’y prêtent : le télétravail s’adapte surtout aux « white collars » et aux professions liées aux prestations intellectuelles si certaines conditions sont réunies : possibilité de s’isoler (surtout si notre progéniture en bas d’âge nous entoure !), de disposer d’un mobilier confortable et ergonomique, et, naturellement d’une connexion wi-fi à la hauteur. C’est aussi une question de culture, les digital natives et les travailleurs nomades, s’y adaptent quasi naturellement.
Les cabinets de conseil d’ailleurs, permettent, depuis quelques années désormais, à leurs salariés de pratiquer le télétravail car leur population d’employés présente à tous égards le profil adapté.
Mais ce n’est pas sans risques au niveau de l’impact psycho social (burn-out, isolement…) si on n’arrive pas à gérer son temps ou que la pression de l’entreprise sur la performance augmente. La charge de travail des mamans qui travailler, risque, par ailleurs d’augmenter encore.
A l’opposé, certains soulignent le risque, une fois le confinement terminé, de se faire happer par d’autres activités…
Le télétravail est aussi une question de moyens économiques : le coronavirus attaque tout le monde sans différence de classe sociale mais notre capacité à y cohabiter dépend de la possibilité de disposer d’un espace de vie et de travail approprié en mètres carrés et donc, in fine, de notre niveau de revenus… et non, le coronavirus n’est pas démocratique. Au contraire, il peut jouer un rôle de multiplicateur d’inégalités.
Côté entreprises, pour celles qui ont pu le pratiquer au moins partiellement, le télétravail a été le test grandeur nature d’une organisation différente qui peut potentiellement, contribuer à répondre à certaines exigences et contraintes de leurs salariés laissant le choix de travailler de la maison ou dans les bureaux des entreprises, de manière plus flexible.
Cette évolution a un impact qui se mesure socialement, économiquement et financièrement : a priori, un meilleur équilibre vie privé-vie professionnelle des salariés et donc plus d’engagement, moins de risques sanitaires dus à la proximité (restauration d’entreprise, systèmes de climatisation, …), plus de productivité et, à condition que l’arrivée d’un vaccin ou d’un protocole de soins adapté mette un terme aux contraintes de confinement, un besoin de mètres carrés qui se réduit, entrainant une diminution des coûts de gestion. Mais elle souligne également la nécessité d’investir pour réinventer l’espace de travail, physique et dématérialisé.
Là encore, il ne s’agit pas d’une solution facile à intégrer pour tout le monde : parmi les PME seul un faible pourcentage utilise le télétravail. Les causes : leur activité (production, services à la personne, construction, transport, …) mais aussi un procès de transformation digitale pas encore pas suffisamment mûr ou un territoire n’ayant pas accès à la bande large (41% des actifs télétravaillent en Ile-de-France, contre 11% en Normandie).
Dans ce processus, les solutions technologiques ont dû suivre, avec des gagnants et des perdants : exit Skype, dont les difficultés d’utilisation et la qualité variable des connexions avaient rendu difficile ma vie de coordinateur de projet européens dans le passé, et welcome Teams et Zoom… : une histoire de UX et IX, en d’autres mots, de prise en compte du parcours de l’utilisateur.
Et à propos de lieux de travail : qu’en serait-il des espaces de co-working ?
Et les espaces de co-working ?
Solution de co-working basée sur l’optimisation des espaces de travail et le communautarisme qui a connu une croissance exponentielle ces dernières années (Cf le cas du célèbre « we work » unicorne du co-working) ? …Ils feront probablement face à une grosse crise financière s’ils ne réinventent pas leur proposition de valeur : dans l’hypothèse que le distanciement social devienne une constante de notre société il mettra en discussion l’ADN même de ces services et leur business model basé sur l’exploitation optimale des surfaces par co-worker et de leur vie en communauté …
… Jamais comme au temps du coronavirus l’évolution de leur Business Model et de l’organisation considérées de manière holistique et de leur expérience client n’auront été autant essentielles pour la survie de nos entreprises.