Le business design raconté par nos clients, # nos clients ont du talent
Aujourd’hui, les projecteurs sont braqués sur BlueSeeds et son projet Blue Oasis. Un projet qui s’aligne avec nos valeurs et notre engagement pour la protection de l’environnement.
N.2
Blue Oasis : construire un business model viable pour la protection des fonds marins
BlueOasis propose une solution innovante pour la gestion des zones de mouillage pour la petite et moyenne plaisance tout en protégeant les écosystèmes marins, et notamment les herbiers de Posidonie, plante marine endémique de la mer Méditerranée. Cet écosystème précieux et fragile, essentiel pour la biodiversité et pour l’homme, est un véritable puit de carbone et doit être absolument protégé pour empêcher tout relâchement de CO2 dans les prochaines années. L’atteinte de la neutralité carbone en 2050 ne pourra se faire que par une réduction de nos émissions et l’arrêt de la destruction de tous les écosystèmes qui captent et séquestrent du CO2.
BlueSeeds a fait appel à nous pour les aider à trouver un modèle économique viable à Blue Oasis,
Marie-Aude Sévin Allouet, Chief Operating Officer de BlueSeeds, revient sur cette collaboration et sur la spécificité du modèle BlueSeeds.
Comment faites-vous pour allier entrepreneuriat et protection de l’environnement ?
Cette posture met BlueSeeds en position de médiateur entre deux mondes qui bien souvent se tournent le dos : celui du monde économique et celui de la préservation du vivant. Le premier est généralement perçu par le second comme étant la source de la détérioration de l’environnement (surexploitation, surtourisme, etc.) et le second est de prime abord ressenti par le premier comme une entrave au progrès et à l’innovation. Pourtant, les entreprises s’avèrent être des outils efficaces pour développer et financer des projets de protection du milieu marin et la préservation du vivant reste la pierre angulaire de toute possibilité de progrès.
Les deux mondes ont donc plus intérêt à travailler ensemble qu’à s’ignorer.
Dans la pratique, nous nous adressons aux gestionnaires de la conservation marine et leur proposons des outils, des approches, un questionnement et un accompagnement adapté à leurs problématiques. Nous nous efforçons de rassembler, d’innover et de mesurer l’impact de nos actions ou des activités pour lesquelles nous apportons notre expertise. La principale difficulté réside dans l’injonction contradictoire de devoir obtenir des résultats immédiats alors que nos sujets ne peuvent se régler en un claquement de doigts. Nous travaillons ainsi à des solutions abordables, viables et concrètes… sans arrêter de rêver !
C’est pourquoi, en 2022, nous avons décidé de nous investir un peu plus encore dans la protection des herbiers de Posidonie en imaginant le projet Blue Oasis.
Pourquoi la Posidonie ?
Sans la Posidonie, il n’y aurait quasiment plus de vie en Méditerranée.
Cette « forêt bleue » forme, en outre, un puits de carbone très important.
Or, ce poumon de la Méditerranée est menacé par les conséquences liées au changement climatique et par le fort développement du tourisme le long du littoral, et mécaniquement de la plaisance. De plus en plus de bateaux naviguent sur les plans d’eaux, ce qui implique plus de pollution, plus de destruction d’habitats, dont les herbiers de Posidonie, et plus de déchets.
Quelles sont les grandes lignes de Blue Oasis ?
Nous avons couplé cette idée avec nos travaux de recherche autour du « carbone bleu », c’est-à-dire le carbone stocké dans les écosystèmes côtiers et marins, tels que les mangroves ou la Posidonie. C’est un sujet qui gagne en importance avec les engagements des États à atteindre la neutralité carbone en 2050 et l’obligation d’accompagner la trajectoire de réduction des émissions de CO2. Nous avons alors étudié la façon dont les acteurs de la conservation marine pourraient tirer parti des mécanismes financiers en lien avec le carbone bleu pour accélérer la protection de la Posidonie. En 2022, notre équipe a ainsi passé 7 mois dans la baie de Guillola, en Catalogne, pour collecter des données sur le carbone stocké par les herbiers selon la bathymétrie et les dégâts provoqués par les ancres. Ces données nous ont permis de calculer la perte de carbone due à l’activité d’ancrage – source de destruction des herbiers et nous ont convaincu de réfléchir à un projet d’éco-mouillages qui limiterait ces émissions de carbone.
C’est à ce moment-là que nous nous sommes rencontrés …
Comment le projet a-t-il évolué à la suite de notre accompagnement ?
Nous nous sommes donc orientés vers une proposition de solution dans laquelle les mouillages ne sont pas de simples parkings à bateaux mais deviennent également un endroit de conservation privilégié, d’éducation, de sensibilisation, d’entrepreneuriat, de monitoring scientifique… Le concept s’est ainsi transformé dans une offre intégrée et globale : « Blue Oasis ».
Nous sommes actuellement en discussion avec des partenaires en Sardaigne et dans les Baléares pour produire un prototype et nous commençons à éprouver le concept dans les Caraïbes, avec l’objectif d’une protection renforcée voire totale des récifs coralliens.
Que retenez-vous de notre accompagnement ?
A titre personnel, j’ai grandement apprécié cette approche à 360 dégrée des différents éléments à prendre en compte pour développer notre solution : de l’analyse des cibles, à l’analyse du cadre légal et réglementaire selon les pays, jusqu’à une première projection chiffrée en lien avec l’expertise de BlueSeeds sur le sujet du financement des projets de protection côtière et marine.
L’accompagnement nous a été extrêmement utile et continue de l’être. Nous avons poursuivi le travail sur les livrables à la fin de la mission et nous nous en servons encore aujourd’hui pour affiner notre projet en revenant sur certains éléments.
Quels sont les défis à venir pour BlueSeeds et Blue Oasis ?
Nous sommes donc en cours de recherche de sites et de partenaires pour construire ces démonstrateurs.
Plus globalement notre challenge est de prouver qu’une société, sans être nécessairement une société de conseil, peut contribuer à la préservation du milieu marin.
Enfin, un dernier défi me tient personnellement à cœur, celui de l’analyse du rôle possible de l’IA dans le domaine de la conservation et de la protection de l’environnement. Va-t-on gagner en transparence ? Aurons-nous accès à des données auxquelles nous n’avions pas encore accès ? Il s’agit aussi d’être attentifs aux limites de l’IA, qui pour le moment s’appuie sur des données provenant d’Amérique du Nord, d’Europe et de certaines parties de l’Asie, alors que les défis sociétaux et environnementaux concernent bien d’autres régions du monde, aujourd’hui dépourvues ou trop peu documentées en données.
L’IA est un tournant technologique que BlueSeeds ne peut pas se permettre de rater, d’autant que l’innovation fait partie intégrante de notre ADN. Évoluant dans un environnement en perpétuelle mutation, notre capacité d’adaptation revêt une importance capitale, aussi, nous nous efforçons de demeurer précurseurs et de remettre continuellement en cause nos pratiques. Cet état d’esprit, nous l’avons retrouvé dans l’approche de .D Business Design, qui ne livre pas un résultat gravé dans le marbre, mais qui nous permet de fixer le point de départ d’un mouvement, à partir duquel il est alors plus naturel d’évoluer et de s’adapter.
Marie-Aude Sévin Allouet, est Chief Operating Officer chez BlueSeeds.
Cette double casquette lui confère un regard atypique sur son métier et une sensibilité accrue à l’importance de la communication dans l’éveil de l’attention et de la prise de conscience des risques qui menacent l’écosystème marin en général et certains habitats côtiers à forts enjeux socio-économiques
Son parcours dans la conservation marine a commencé dans une ONG à Madagascar, Blue Ventures, où elle a travaillé avec les populations locales sur des projets de création d’AMP. Par la suite, elle a intégré l’Agence des Aires Marines Protégées, aujourd’hui devenu l’Office Français de la Biodiversité, où elle a dirigé des projets internationaux de coopération pendant près de dix ans. Son expérience s’est ensuite étendue à des organisations telles que l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), au Centre de coopération pour la Méditerranée où elle a coordonné le programme marin pendant 3 ans.
Son expertise dans la gestion de projets de conservation internationale l’a conduite à rejoindre BlueSeeds en 2022, où elle supervise l’ensemble des opérations.
blueseeds.org
Auteur
Gabriella Fiori
Design de services, Business Model, analyse marché, économiste.